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Il y a de l'affection et de la monotonie, ou de la faiblesse et de la pauvreté à répéter ainsi cinq fois en deux ou trois pages le même tour de phrâse, surtout pour faire adopter un solécisme.
Dans ce dernier exemple il y a double faute. Telle l'abeille, ainsi l'honneur n'est pas un tour français. Pour etablir une comparaison, en prôse on dit au 1er membre de même que, ou ainsi que, et au 2d de même ou ainsi; ou l’on met au 1er comme &c.... et au 2d ainsi ou tel. En Poésie on peut aussi se servir de ce dernier tour, ou employer celui qui fait l'objet de cette discussion: mais remarquez qu'au début du 1er membre il y a toujours une |150 conjonction, soit que, soit comme. En effet sans cela les deux membres n'auraient aucune liaison. Voltaire a dit dans la Henriade, ch.6. v.291.
Comme on voit un torrent du haut des Pyrénées Menacer des vallons les Nymphes consternées &c.... ....................................................................... Tel Bourbon descendait à pas précipités. &c.
Ce n'est que dans les proverbes qu'on se permet de répéter deux fois tel. On dit p. ex. tel père, tel fils. tel maître, tel valet.
10e Dans les comparaisons où l'on n'emploie tel qu'au 2d membre, et où le 1er est exposé par un simple récit, on met au 2d ainsi, tel ou tel que à volonté; mais cet adjectif doit toujours s'accorder en genre et en nombre avec le substantif sujet dont il est l'attribut. La proposition est alors renversée, le sujet n'etant qu'après la copule, et l'attribut etant placé avant celle-ci. Exemples.
Du sang des assiégeants son bras couvrait la terre. Tels du front du Caucase, ou du sommet d'Athos, .................................................................. Les Aigles, les Vautours aux ailes etendues &c....
Henri. Ch.4. v.41. ibidem, v.114.
D'Aumale est avec eux dans leur fuite entraîné; Tel que du haut d'un mont de frimats couronné, Au milieu des glaçons des neiges fondues, Tombe et roule un rocher qui menaçait les rues.
Henr. Ch.4. v.86.
Essex avec eclat paraît au milieu d'eux, Tel que dans nos jardins un palmier sourcilleux à nos ormes touffus mêlant sa tête altière, Paraît s'enorgueillir de sa tige etrangère.
Henria. Ch.8. v.103.
Voyez aussi Ch.5. v.249 et suivants. ch.8. v.191.
On peut encore annoncer le 2d membre par les adjectifs pareil ou semblable.
11e Quand on compare un être à lui-même en des circonstances différentes, on n'emploie que l'expression tel que ou telle que. Ex.
Il leur ouvre lui-même, et se montre à leurs yeux, Avec cet air serein, ce front majestueux, Tel que dans les combats, maître de son courage, Tranquille, il arrêtait ou pressait le carnage.
Henr. ch.2d v.204.
|151 12e Quand il n'y a point de comparaison, tel est une simple dénomination, un simple sujet. Ex.
Tel brille au second rang qui s'eclipse au premier. Henr. ch.1er v.31.
Tel qui rit Vendredi, Dimanche pleurera. Racine. Plaideurs, Act.1 Sc.1.
13e Quand tel n'annonce qu'une conclusion, c'est un adjectif qualificatif. (Voyez la Règle 10e phr. dernière.) Ex.
Tels etaient de Henri les sincères discours. Henr. ch.3. v.373.
14e On doit tantôt ecrire quelque d'un seul mot, et tantôt quel que en deux mots. 1° Quand on l'ecrit en deux mots, quel est un adjectif qualificatif, qui s'accorde en genre et en nombre avec le substantif suivant; et que est conjonction. On doit toujours l'ecrire en deux mots, lorsqu'il est suivi du verbe être; on ne doit l'ecrire en deux mots que lorsqu'il est l'attribut que ce verbe lie au sujet, et alors le verbe principal doit être au subjonctif. Ex. Quelle que soit votre naissance, quelles que puissent être vos richesses, les sages vous mépriseront, si vous n'êtes vertueux. (Il répond au qualiscumque, quantuscumque des Latins.)
Les Ecrivains vulgaires se permettent souvent de dire et d'ecrire: tel qu'il soit, pour quel qu'il soit. C'est une faute de langage aussi grôssière que commune.
2° Quelque d'un seul mot est tantôt adverbe et tantôt adjectif partitif. Il est adverbe, et par conséquent invariable, quand il est immédiatement suivi d'un autre adverbe, ou d'un adjectif, ou d'un participe passif, qu'il modifie et dont il est le circonstanciel. Ex. quelque riches, quelque puissants que soient les hommes, un instant suffît pour les précipiter dans un abîme de malheurs. Quelqu'heureusement que tourne une entreprise injuste, elle est toujours déshonorante. (Il répond au quantum vis des Latins.)
Il est adjectif partitif, et par conséquent susceptible des différents |152 genres et des différents nombres, lorsqu'il est suivi d'un substantif, ou d'un adjectif substantivement pris. Ex. quelques personnes m'ont dit &c.... quelques savants soutiennent &c.... j'ai quelques affaires à régler.
Enfin il est variable, quand il est suivi de l'adjectif numéral cardinal un, une. On dit quelqu'un, quelqu'une; quelques-uns, quelques-unes.
15e 1° Avec les noms des choses qui se mesurent et ne se comptent pas, on doit employer l'article général le, la, les ou la préposition partitive du, et non l'article particulier un, à moins que le substantif qu'il précède soit suivi d'un adjectif: ainsi on doit dire le vin, du vin; l'or, de l'or; le poison, du poison; et non un vin, un or, un poison; à moins qu'on ne les qualifie, en disant, par ex. un vin vieux, un or pur, un poison lent. Ainsi, dans le Poême dont on a imprimé un fragment dans la Décade philosophique (an 8. N°3) le Cn Le Mercier a péché contre cette règle: il dit, en parlant de Rodogune:
Sourit, la coupe en main, une mère en fureur, monstre dont le courroux veut ses fils pour victimes, et sait boire un poison pour assurer ses crimes.
Il fallait du poison ou le poison.
2° Avec les noms des choses qui se comptent et ne se mesurent pas, on doit employer l'article particulier un, une, et non l'article général le, la; à moins que le sens du substantif qu'il précède ne soit déterminé ou restreint par la préposition de ou par une proposition explicative: ainsi l'on dit, avec ou sans adjectif une mère en fureur, un cheval bai, un ecu, une livre, un livre; tandis qu'on que l'on dit: la mère d'Alexandre, les coursiers du soleil, l'ecu que vous avez donné, le livre que je vous ai cédé &c....
16e (Cette règle est de Dumarsais, p.201.) On ne doit sousentendre un mot déjà exprimé, que quand ce mot peut convenir egalement au membre de phrâse où il est sousentendu. Je crois l'exprimer plus clairement en disant: Pour qu'on puisse sousentendre un mot dans un membre de phrâse, ou le représenter par le pronom le, il faut qu'il ait déjà eté littéralement exprimé dans un membre précédent. Ainsi cette phrâse est correcte: Dieu est infaillible, mais les Papes ne l'etaient pas. Le représente infaillible exprimé au 1er membre quoiqu'au singulier. Celle-ci d'un auteur contemporain de Dumarsais ne l'est pas: Cette histoire achèvera de désabuser ceux qui méritent de l'être. Ici le représente désabusés au |153 participe, et il n'y a d'exprimé que le présent de l'impersonnel désabuser. C'est une négligence dans laquelle tombent la plupart des auteurs modernes. Pour mieux sentir le défaut de cette ellipse, adaptons la à un participe dont le son différe beaucoup de celui du présent impersonnel. Ex. Ne plaignez ou on ne doit plaindre que ceux qui méritent de l'être. Il est evident qu'il faut dire, qui méritent d'être plaints.
17e (Autre du même exprimée plus clairement.) 1° On ne doit pas sousentendre affirmativement un verbe pris négativement dans le membre de phrâse précédent. Un Auteur a dit: Notre réputation ne dépend pas des louanges qu'on nous donne, mais des actions louables que nous faisons. Il y a disconvenance en ce que le verbe dépend est exprimé avec deux négations, et sousentendu sans négation. Pour parler correctement, il fallait dire: Notre réputation dépend non des louanges &c.... mais des actions &c....
2° Les puristes prétendent même qu'on doit sousentendre un adjectif ou un participe qu'au même genre et au même nombre auxquels il a eté employé d'abord. Ainsi ils trouvent une incorrection dans ce vers de Racine:
Sa réponse est dictée, et même son silence.
Elle consiste en ce que dicté est sousentendu au masculin, quoiqu'exprimé d'abord au féminin. Pour moi je pense que cette règle, bonne pour les Prosateurs quant au genre seulement, ne l'est pas quant au nombre; qu'elle est en tout trop sévère pour les versificateurs, et qui ont d'ailleurs assez d'entraves, et que ce serait exposer les Poétes à ecrire d'un stile lâche, que d'être envers eux si difficile en fait d'ellipse.
3° On rapporte au même vice le défaut de suite ou de convenance dans les expressions métaphoriques. On reproche à Malherbe (et c'est l'exemple bannal) d'avoir dit:
Prends ta foudre, Louïs, et va comme un lion.
Il fallait, comme Jupiter. La foudre n'a rien de commun avec le lion. On blâme dans Rousseau le lyrique cette expression fondre l'ecorce.
et les jeunes Zéphyrs, de leurs chaudes haleines, ont fondu l'ecorce des eaux.
Ode au C. de Sinzindorf, strophe 1ere
|154 On peut nommer ecorce des eaux, la superficie de la glace; on dit que l'haleine des Zéphyrs fond la glace; mais on ne fond pas de l'ecorce, on la brûle ou on la broie; et c'est ce que ne peut faire la plus chaude haleine des Zéphyrs. Il y a incohérence dans les idées métaphoriques.
17e / double emploi / L'adjectif relatif celui, celle, ceux peut être déterminé 1° par le relatif conjonctif que; 2° par les relatifs conjonctifs qui ou lequel précédés ou non d'une préposition; 3° par la préposition de et son complément. Ainsi l'on dit bien, celui que, celle qui, celui à qui, en qui, sur qui, pour qui &c.... ceux auxquels, ceux pour lesquels &c.... celui de mon ami, ceux de mon frère &c.
Ex. Celui qui met un frein à la fureur des flots sait aussi des méchants arrêter les complots.
Rac. père. Athalie. Act.1. Sc. 1ere
Mais on ne doit jamais déterminer cet adjectif par un autre adjectif, ni par un participe. C'est une faute très-commune aujourd'hui dans les journaux et dans les pétitions. On ne doit pas dire, p.ex. en parlant d'une administration, après en avoir nommé une autre, celle centrale, celle municipale. Il faut répéter le mot l'administration. On ne dirait pas non plus en parlant des pouvoirs ou des jours, ceux attribués aux juges, ceux consacrés au travail. Il faudrait dire, ceux qui sont ou ceux qui ont eté &c....
18e On doit dire Décadi et non pas le jour de la Décade; c'est une faute grôssière qui se répand dans toute la République, et que les hommes qui réfléchissent entendent avec peine sortir de la bouche même des fonctionnaires publics. Autrefois l'on ne disait pas le jour de la semaine, mais Dimanche. Pourquoi donc dire, le jour de la Décade et non pas Décadi. Tous les jours de l'année, excepté les complémentaires, sont les jours d'une Décade.
19e (Règle de tous les Grammairiens.) 1° Si le pronom le se rapporte à un adjectif ou à un participe, il est invariable, et se dit d'une femme comme d'un homme. Il représente le pronom démonstratif elliptique cela. Quand on demande à une femme si elle est engagée, mariée, invitée, malade, enrhumée &c. elle doit répondre: je le suis ou je ne le suis pas. Madame Deshoulières disait, à l'occasion de cette règle, qu'elle aurait cru avoir de la |155 barbe, si elle se fût exprimée ainsi.
2° Si le pronom le se rapporte à un substantif corrélatif, ou à un substantif propre, il est variable et prend le genre du mot qu'il représente. Ex. D. êtes-vous le frère d'un tel? R. Je le suis. D. êtes-vous la tante de mon ami? R. Je la suis; et en s'adressant à une Actrice, êtes-vous Rodogune? êtes-vous Iphigénie? Je la suis ou je ne la suis pas. La question signifie: Jouez-vous le rôle de &c.?
20e 1° De qui, à qui ne se disent que des personnes ou des êtres personnifiés. Ex. Dieu à qui nous sommes redevables de notre conservation. Tous ceux de qui nous recevons des bienfaits ont droit à notre reconnaissance. 2° En parlant des êtres abstraits ou des êtres animés, mais non personifiés, on doit dire dont, auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles, et on ne doit jamais dire de qui, à qui... &c.... Ex. L'instrument dont je me sers est tout neuf. L'Administration, à laquelle j'ai eu recours, a accueilli ma pétition. Dans ces derniers exemples, de qui, à qui serait une faute de langage. / En parlant des personnes, on peut dire aussi, duquel, auquel, de laquelle, auxquelles &c. L'oreille et le goût décident du choix. /
21e 1° Avec les substantifs abstraits et inanimés, pour qu'on puisse correctement employer les adjectifs possessifs absolus son, sa, ses; il faut qu'ils aient un rapport indirect au sujet du verbe précédent, s'ils se rapportent directement à son objet.
2° S'ils n'ont aucun rapport avec le sujet, et qu'ils se rapportent à l'objet, on doit leur substituer l'adverbe relatif en et l'article le. Cette règle abstraite va s'eclaircir par les exemples suivants. On dira correctement: Cet arbre a perdu ses feuilles, mais ses racines ne sont pas mortes. Le premier ses se rapporte directement à feuilles, objet du verbe perdu, et indirectement à arbre qui en est le sujet; le second se rapporte directement à racines qui n'est pas objet mais sujet: la phrâse est donc correcte. Si dans cette explication, au lieu de l'adverbe en et de l'article le, j'avais mis son, en ecrivant, à arbre qui est son sujet, j'aurais fait un solécisme; car arbre n'est pas sujet de lui-même, mais du verbe a perdu; et mon expression aurait dit le contraire de ce que je voulais dire. Ensignifie de lui ou d'elle; son signifie le... de lui, ou le... de elle: par conséquent en suivi de le dit autant que son, et lève toute equivoque.
On ferait un solécisme en disant: voyez ce beau pêcher, ils nous offre ses feuilles et ses fruits, mais nous ne voyons pas ses racines.
|156 Les deux premiers possessifs sont bien employés, car ils se rapportent directement aux objets feuilles et fruits, et indirectement au sujet il; mais le 3e ne l'est pas; car quoiqu'il se rapporte directement à l'objet racines, il se rapporte indirectement à pêcher qui ne se trouve pas dans la dernière proposition, et n'a aucun rapport avec le personnel nous sujet de cette même proposition. Pour s'exprimer correctement, il faut donc dire: mais nous n'en voyons pas les racines.
On ferait trois fois la même faute si l'on disait: nous touchons ses feuilles, nous cueillons ses fruits, et nous ne voyons pas ses racines. Il faudrait, nous en touchons les feuilles, nous en cueillons les fruits, et nous n'en voyons pas les racines. (Ici le Professeur doit multiplier les exemples.)
22e 1° Y ne se dit que des choses; c'est un adverbe relatif qui signifie à ceci, à cela, en ce lieu. Ex. J'aime l'etude, et je m'y applique. Il y a long-temps que vos affaires m'intéressent, j'y pense tous les jours. La campagne me plaît, j'y passerais volontiers ma vie. (Y vient d'ibi.)
2° Quand on parle des personnes, au lieu de l'adverbe relatif y, on met lui, ou à lui, à elle. Ex. Mon frère sait que je pense à lui, je lui envoie tout ce qui peut lui faire plaisir.
(Nota.) On met lui avant le verbe, quand ce verbe doit avoir un objet, et on met à lui après le verbe quand ce verbe ne peut avoir d'objet. Ainsi l'on dit; je lui donne, je lui rends, je leur envoie &c. tandis que l'on doit dire: je vais à lui, je cours à lui, je songe à lui &c.
Au pluriel on dit leur. Ce pronom terminatif est des deux genres; il est invariable et ne se place qu'avant un verbe: quand il est placé avant un substantif ou un adjectif, il est de tout genre, mais il prend la caractéristique du pluriel, quand il se rapporte à un substantif. (v. la R. 1ere sur la concordance.)
23e On ne doit pas prendre les adjectifs pour des substantifs, quoiqu'on puisse les prendre substantivement.
J'entends tous les jours des hommes, instruits d'ailleurs, pécher contre cette règle en disant: un habit d'uniforme, un chapeau d'uniforme &c. uniforme est un adjectif de tout genre, et on doit dire en qualifiant la partie du vêtement, un habit uniforme, un chapeau uniforme, une veste uniforme. Des habits |157 uniformes sont des habits qui ont la même forme, les mêmes couleurs &c. sans avoir nécessairement les mêmes dimensions.
On dit bien en général un uniforme, l'uniforme de tel ou tel corps militaire. Alors l'adjectif uniforme est pris substantivement, et il y a ellipse; on sousentend uniforme vêtement.
24e Les hommes de goût n'ont jamais employé lequel que comme interrogatif. Ex. Lequel voulez-vous? Lequel des deux préférez-vous? Les Praticiens, les rédacteurs de procès-verbaux l'emploient souvent comme relatif au lieu de qui. Ils disent par ex. Tel bien, tel objet est adjugé aux soumissionnaires lesquels seront tenus d'en verser le prix &c. &c....
25e 1° Quoi invariable ne se dit que des êtres abstraits. Ex. à quoi pensez-vous? Quoique vous fassiez, soyez justes.
2° Partout où l'on peut après une préposition employer lequel au lieu de quoi, on doit le faire. Il vaut mieux par ex. dire: L'accord de l'intérêt public et de l'intérêt privé est le 1er objet auquel nous devons nous appliquer, que de dire à quoi nous devons nous appliquer.
3° Le relatif quoi n'est d'un usage indispensable après les prépositions que quand il a pour antécédent l'article ce ou le substantif rien. Ex. c'est à quoi je vous exhorte, c'est pourquoi &c.... c'est de quoi je vous rendrai compte. – c'est sur quoi vous comptez. – Il n'est rien à quoi je ne sois disposé pour votre avancement.
26e L'adverbe de lieu où (1ere syllabe de ubi) est tantôt relatif et tantôt interrogatif. 1° Quand il est relatif, il est ou n'est pas précédé d'une préposition. Dans le 1er cas il tient lieu de l'adjectif relatif lequel. Ex. Le lieu d'où vous sortez, c.à.d. duquel vous sortez; la rue par où vous passez, c.à.d. par laquelle &c. Dans le 2d il tient lieu et de la préposition et de l'adjectif relatif. Ex. Le lieu où vous êtes, c.à.d. dans lequel vous êtes.
2° quand il est interrogatif, il est egalement précédé ou non précédé d'une préposition. Dans le 1er cas il tient lieu de l'adjectif interrogatif quel et d'un substantif quelconque. Ex. Par où avez-vous passé? Et d'où venez-vous? Par où, signifie, par quel lieu, par quel endroit? d'où, c.à.d. de quel endroit, de quelle contrée? Dans le 2d il tient lieu |158 de la préposition en, de l'adjectif interrogatif quel et d'un substantif quelconque. Ex. où demeurez-vous? où allez-vous? où, c.à.d. en quel endroit?
27e Tout, toute. Cet adjectif d'universalité se prend quelquefois dans un sens adverbial; il se met devant un autre adjectif suivi de la conjonction que, et devrait alors être invariable: mais l'usage en a décidé autrement. Voici la règle à observer.
1° Si cet adjectif est au masculin, tout reste invariable. Ex. Les Physiciens modernes, tout eclairés qu'ils sont, ignorent encore les véritables causes de bien des effets naturels.
2° Si l'adjectif est féminin et qu'il commence par une voyelle, ou une h non aspirée, tout est encore invariable. Ex. Aujourd'hui les factions sont tout interdites. (Tout signifie entièrement.) La vertu, tout austère qu'elle est, procure seule de solides plaisirs.
3° Si l'adjectif féminin commence par une consonne ou par une h aspirée, tout prend les caractéristiques du genre et du nombre. Ex. L'ambition, toute funeste et toute hasardeuse qu'elle est, règnera toujours sur la plupart des hommes. Il y a eu des jeunes gens qui ont entendu d'eux-mêmes les propositions d'Euclide, toutes difficiles qu'elles sont. (tout... que dans ces exemples signifie quoique très.)
4° Si tout est placé devant un adverbe, il reste invariable. Ex. La rivière coule tout doucement. Cette Grammaire n'est pas rédigée tout comme les autres.
N.a Cette règle se trouve dans toutes les Grammaires.
Restaut prétend qu'on doit dire au féminin, la campagne toute agréable qu'elle est &c. DeWailly soutient le contraire en disant la campagne tout agréable qu'elle est, et je suis de son avis. L'e est inutile devant une voyelle.
Restaut dit en outre: Toute agréable et toute belle que soit la campagne, &c.... et d'un autre côté, les anciens Philosophes, tout eclairés qu'ils etaient, &c. en sorte que quand le sujet est après le verbe, il met ce verbe au subjonctif, et le laisse à l'Indicatif, lorsqu'il est précédé de son sujet. C'est une erreur. Il faut partout l'indicatif. Tout... que exprime une affirmation et veut ce mode: c'est l'expression quelque... que qui régît le subjonctif, parce qu'elle enveloppe une sorte de doute, et d'incertitude, en ne déterminant pas précisément le degré de la qualité qu'elle modifie.
|159 28e 1° Après un substantif généralement pris au singulier, si on veut exprimer une qualité au suprême degré, elle exclut toute idée d'egalité, et l'ont doit mettre au singulier l'adjectif superlatif ou la proposition explicative. Exemple du 1er cas. Le Cn Sieyes est le penseur le plus profond de toute la République.
Exemple du 2d. C'est l'homme qui a le plus contribué à la perfection de notre pacte social.
2° Après un substantif particulièrement pris, même au singulier, si on veut exprimer une qualité au suprême degré, on doit regarder ce 1er substantif comme extrait de la clâsse de plusieurs autres dans le même cas, et par conséquent mettre au pluriel non seulement l'adjectif relatif qui suit la préposition de, mais encore le sujet et le verbe de la proposition explicative. Ex. L'immortalité de l'âme est un des points sur lesquels (et non sur lequel) les Philosophes sont le moins partagés. Bonaparte est un des grands hommes qui ont le plus contribué à l'affermissement de la Répe française. C'est un de ceux qui ont le plus de droits à notre reconnaissance. Les Grammairiens Wailly et Domergue ont raison sur ce point. Restaut s'est ridiculement mis l'esprit à la torture pour justifier des solécismes par des distinctions frivoles.
3° Mais il a raison quand il dit que »ce relatif qui a pour antécédent un nom collectif au singulier suivi d'un substantif pluriel (employé comme déterminant) se met au pluriel; et qu'ainsi il faut dire: Craignez d'oublier la plupart des sciences auxquelles vous vous appliquez. J'ai réfuté la plupart des objections qui m'ont eté faites.
4° J'ajoûte qu'un nom collectif tient lieu du pluriel, lors même qu'il n'est pas déterminé immédiatement par un nom pluriel. Ainsi, après avoir parlé des Philosophes, on peut doit dire: la plupart ont pensé &c. ont eté d'avis &c. et non a pensé &c.
Problême.
29e
Entre deux verbes dont le second est l'objet du premier, quand faut-il mettre me ou moi, te ou toi?
|160 Rép. ou Solution.
1° Si le premier verbe est intransitif, on met me ou te.
Exemples. Venez me voir; Va te baigner. Cours te justifier. Venir, aller et courir sont intransitifs; l'action qu'ils expriment ne passe pas au delà du sujet qui la fait.
2° Si le 1er verbe est transitif, on met moi ou toi.
Ex. Laissez moi agir; fais toi peindre.
Je crois que le Cn de DeWailly donne une fausse distinction en disant qu'il faut mettre me ou te, quand le verbe à l'impératif est sans régime simple, et moi ou toi, quand il est actif avec régime simple. Certes aller, venir et courir sont des actions et par conséquent des verbes actifs; et dans tous les exemples qu'il cite, le verbe à l'impératif a un régime simple, qui est le verbe suivant mis à l'impersonnel. Je crois que cet estimable Grammairien n'avait pas assez analysé en cette occasion.
De ce qu'un verbe ne peut avoir pour objet (a) / (a) ou pour régime simple, car à ces deux expressions on attache le même sens. ) / qu'un autre verbe à l'impersonnel, il ne faut pas conclure qu'il n'a pas d'objet.
30e On ne doit pas donner à un mot (soit verbe, soit adjectif ou préposition) d'autre complément (b) / (b) l'objet d'un verbe peut aussi être nommé le complément de ce verbe. Les dénominations ne changent pas les règles.) que celui qui lui est assigné par le bon usage. On entend souvent dire et on lit avec peine dans plusieurs ecrits modernes des phrâses telles que celles-ci: il espérait d'obtenir justice; nous comptions de partir plutôt. Les verbes espérer, compter veulent le verbe qui les suit à l'impersonnel sans préposition, ou à l'indicatif avec la conjonction que. Ex. J'espère être utile, il espère que cela n'arrivera pas; Nous comptons partir tel jour; je compte qu'il fera beau temps demain.
N.a Quand le second verbe devrait avoir le même sujet que le premier, c.à.d. quand les actions exprimées par les deux verbes se rapportent, sont attribuées au même individu, on met le second verbe au présent de l'impersonnel: quand le second verbe doit avoir un autre sujet que le premier, on emploie la conjonction que, et l'on met le second verbe au futur de l'indicatif, après en avoir enoncé le sujet.
|161 Je crois que le Cn de DeWailly a péché contre la règle ci-dessus dans une proposition qu'il corrige et donne pour exemple. à l'occasion des répétitions vicieuses il cite cette phrâse: La civilité exige qu'on ait de l'attention à ce qu'on nous dit. Cette phrâse est effectivement incorrecte, en ce que le pronom général on y est employé deux fois avec des rapports différents. Voici comme l'Auteur cité la corrige réforme. La civilité exige que nous ayons de l'attention à ce qu'on nous dit. Je ne crois pas que cette réforme soit suffisante. On ne dit pas avoir de l'attention à quelque chose, mais donner son attention à, apporter de l'attention à... faire attention à, être attentif à &c. Cette règle etant négative et très-générale, je ne cois pas devoir en multiplier ici les exemples. (Le Professeur le fait de vive voix.)
31e 1° Avant ou après les mots de ce que &c. l'expression il s'ensuit, est un pléonasme; et il vaut mieux ecrire et dire, il suit &c.... En effet l'adverbe relatif en signifie delà ou de ce. Il ne faut pas un double emploi. Ainsi l'on doit dire: Il suit de là &c. et non il s'ensuit de là &c....
2° On peut, et je crois même que l'on doit ne pas répé employer alors dans un second membre de phrâse, lorsqu'on a commencé le 1er par la conjonction quand. Ce double emploi est un pléonasme. Ainsi je trouve un pléonasme dans cette phrâse du Grammairien DeWailly (p.150 de l'abrégé de sa Grammaire) (article IV. de sa règle sur les mots à répéter.) Id. Restaut p.283. der alinéa.
Quand la 1ere partie d'une phrâse est affirmative, et que la seconde est négative, et réciproquement... alors on répéte dans la seconde partie le verbe qui est dans la 1ere. On peut, à la rigueur, tolérer ce pléonasme, quand le 2d membre, comme dans la phrâse que je viens de citer, est trop éloigné du premier. On a perdu de vue la liaison quand. (v. Restaut p.[?359] [] IV.)
|162 32e Près avant un verbe à l'Impersonnel est une préposition qui signifie sur le point; on l'ecrit avec un s et on met de après elle. Prêt dans la même circonstance est un adjectif qui signifie disposé; on l'ecrit avec un t et on lui donne à pour complément. Ex. près de mourir veut dire sur le point de mourir. Prêt à partir signifie tout disposé à partir.
33e Au travers et à travers sont des prépositions qui expriment le même rapport; mais elles différent en ce que la 1ere doit toujours avoir de pour complément, et que la 2de est immédiatement suivie d'un article et d'un substantif. Ex. Il lui passa son epée au travers du corps, ou à travers le corps.
34e Par une bizârrerie dont personne n'a rendu compte, le verbe être précédé de l'article démonstratif se met au singulier avant les pronoms personnels des trois personnes du singulier, et avant ceux des deux premières du pluriel, tandis qu'il se met au pluriel avant ceux de la 3e personne de ce nombre. On dit: c'est moi, c'est toi, c'est lui; c'est nous, c'est vous, ce sont eux; ce sera moi,... &c. ce sera nous, ce sera vous, ce seront eux, et ainsi des autres temps. Ex. Bonaparte dans sa proclamation aux Français a dit: Français, nous vous avons dit nos devoirs; ce sera vous qui nous direz si nous les avons remplis.
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